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Le premier propriétaire du palais, le comte Vorontsov, gouverneur général de la région de Novorossiisk, était anglomane. Fils de l’ambassadeur de Russie en Grande-Bretagne, il a passé son enfance et sa jeunesse à Londres. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’il ait décidé d’opter en faveur du style anglais dans l’architecture en confiant la construction du château à Edward Blore connu pour sa participation aux travaux pour la cour.
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C’est lui qui a achevé la construction du palais de Buckingham après la fin de la carrière de John Nash et c’est à lui qu’on doit la façade principale du bâtiment. Edward Blore s’est également occupé de la modernisation du palais Saint James à Londres et a construit la tour Salisbury au château de Windsor. Pourtant il n’est jamais venu en Crimée, confiant le projet russe à son élève, William Gunt.
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La construction du château a duré vingt ans, de 1828 à 1848. Situé sur la côte, au pied de la montagne Aï-Pétri, le château compte cinq bâtiments et 150 pièces. Cherchant sans doute à imiter les vrais châteaux anglais, qui étaient érigés par plusieurs générations de propriétaires, Edward Blore s’est inspiré d’éléments de différentes époques.
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Ainsi, des tours médiévales imprenables côtoient des fenêtres en saillie, les hautes cheminées se parent d’éléments décoratifs, tandis que les larges fenêtres rappellent le style Tudor de l’architecture médiévale britannique. Au XIXe siècle, la Crimée ressentait toujours une certaine influence turque et l’artiste a jugé bon d’ajouter certains éléments de l’architecture mauresque. Ainsi, l’arc de l’entrée Sud et les tours rappellent des minarets.
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L’un des éléments architecturaux qui suscitent l’admiration est l’escalier de la façade Sud qui donne sur le parc descendant jusqu’à la mer. Ses décorations principales sont des lions en marbre de Carrare, l’un des plus prisés pour sa blancheur, qui ont été commandés à l’atelier du sculpteur italien Giovanni Bonnani. Le lion endormi a été réalisé par le maître en personne, tandis que les fauves au réveil et bien éveillés ont été confiés à ses élèves.
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Le grand parc paysager était une composante du domaine tout aussi importante que le palais. Son aménagement a été entamé deux ans avant les travaux de construction. Il a été confié au botaniste allemand Carolus Antonius Keebach qui a été chargé par le comte Vorontsov de créer à Aloupka « un jardin d’hiver à ciel ouvert ». L’Allemand a planté des arbres et des plantes exotiques en vue de les acclimater dans un milieu nouveau pour eux. Les arrivages dans le Jardin botanique impérial situé non loin en Crimée avaient tout de suite leur « réplique » dans le parc du comte Vorontsov.
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En dépit de l’histoire mouvementée du XXe siècle, les salles d’apparat du palais sont restées pratiquement intactes et ont gardé leur finition originale. Le milieu du XIXe siècle fut marqué par l’éclectisme et les chambres arboraient différents styles historiques.
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La tradition anglaise du château trouve son reflet dans le hall à plafond en bois, des fauteuils massifs et des portraits de famille, tandis que les murs du Cabinet chinois sont recouverts de nattes en paille de riz. Le Salon bleu est décoré d’ornements floraux en stuc et est meublé dans le style du classicisme russe.
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La Grande salle à manger transporte les visiteurs dans une salle des chevaliers sortie tout droit d’un château médiéval. La verdure exotique du jardin d’hiver laisse paraître par endroits des sculptures en marbre. Quant à la cuisine située dans le bâtiment ménager, elle possède son prototype : celle du Pavillon royal de Brighton construit quelques années plus tôt.
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Le comte Mikhaïl Vorontsov était une personnalité politique et militaire éminente de son époque. Son père était un célèbre diplomate qui a longtemps représenté la Russie à Londres en qualité d’ambassadeur. Mikhaïl Vorontsov a pris part à toutes les grandes campagnes militaires de la première moitié du XIXe siècle : il a été un héros de la guerre russo-turque et des guerres napoléoniennes et a participé à la prise de Paris en 1815.
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Mikhaïl Vorontsov. Crédit : Ermitage
À la différence de nombreux officiers supérieurs, il a personnellement été présent sur les champs de bataille. Il a rédigé pour ses subordonnés de nouvelles règles qui ont aboli pour la première fois de l’histoire les châtiments corporels. En tant que gouverneur des régions méridionales de la Russie et du Caucase, il a beaucoup contribué à la prospérité de ces régions. Son meilleur portrait a été réalisé par le brillant peintre britannique Thomas Lawrence. Il est conservé au musée de l’Ermitage.
Conférence de Yalta. Crédit : Global Look Press
Du 4 au 11 février 1945, lors de la conférence de Yalta qui a été l’occasion pour les chefs de l’URSS, des États-Unis et du Royaume-Uni d’évoquer le sort de l’Europe dans l’après-guerre, le palais Vorontsov a servi de résidence à Winston Churchill et à la délégation britannique. Après la guerre, le palais a appartenu pendant dix ans au ministère soviétique de l’Intérieur (à l’époque NKVD) qui en a fait une résidence secondaire. Ainsi, la demeure a régulièrement accueilli les numéros deux du pays après Staline : les responsables de la sécurité intérieure comme Lavrenti Beria, Lazar Kaganovitch et Viatcheslav Molotov. En 1956, le palais est devenu un musée.
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