Moscow Kremlin Museums
Moscow Kremlin MuseumsRBTH : Vous dirigez les musées du Kremlin depuis seize ans. Quel est, selon vous, votre plus grand succès ?
Elena Gagarina : Le fait que le musée soit devenu célèbre dans le monde entier. Quand je suis arrivée, personne ne savait que le Kremlin avait un musée, personne ne connaissait ses collections. Aujourd’hui, nous participons à des expositions à l’étranger et nous accueillons des expositions chez nous. L’échange international d’expositions est vital pour un musée.
Vous dites que dans une situation internationale instable, les échanges entre les musées sont un facteur d’unité. Avez-vous ressenti dans votre activité les conséquences des sanctions politiques ?
Elena Gagarina. Crédit : Service de presse des Musées du Kremlin
Bien sûr. Nous avons eu une histoire désagréable avec l’Autriche. L’ambassade nous a demandé d’organiser une exposition de la collection de la famille Esterhazy. Nous avons abordé le sujet avec tout notre sérieux, mais à peine un mois avant l’inauguration, la partie autrichienne a refusé d’exposer les pièces sans fournir d’explications. Nous avons dû réaliser d’urgence un autre projet, La Carte de Russie, ce qui fut très difficile, le temps étant limité.
Les cas du genre sont-ils fréquents et existe-t-il un plan B ?
Nous avons dû changer le format de l’exposition consacrée au grand couturier Paul Poiret parce que certaines pièces n’ont pas pu venir du Metropolitan Museum. Nous avons alors « puisé » au Victoria and Albert Museum de Londres et je suis profondément reconnaissante à mes collègues qui nous ont accordé les objets nécessaires dans les plus brefs délais.
On peut évoquer également l’exposition de Charles Rennie Mackintosh au Kremlin, qui a connu des problèmes suite à l'incendie ayant dévasté une partie de l'école des Beaux-arts de Glasgow et sa célèbre bibliothèque. Nous nous sommes adressés à une société privée japonaise qui nous a heureusement accordé des œuvres du grand architecte et concepteur britannique.
Quant à la nécessité de remplacer une exposition itinérante par un projet de notre collection, le cas de La Carte de Russie était heureusement une exception.Existe-t-il des données sur le nombre d’étrangers et de Russes visitant les musées du Kremlin ?
Les uns et les autres sont à peu près ex æquo. Ce qui ne signifie pas que le rapport restera toujours inchangé. Ainsi, le nombre de touristes chinois va croissant dans le monde entier. Nous avons embauché cinq guides spécialement pour les Chinois. Les activités touristiques et la gestion du flux touristique sont une affaire délicate. À l’époque soviétique, c’était un peu plus simple pour la direction, car le Kremlin n’autorisait des visites que sur demande de sociétés.
Quand le Kremlin est-il devenu plus ouvert ?
Il est devenu plus accessible dans les années 1990, mais nous n’avons jamais eu autant de visiteurs que l’année dernière : 2,5 millions. Comme ces musées n’avaient jamais organisé d’expositions itinérantes à l’époque soviétique, les visiteurs étaient moins nombreux. Et il ne faut pas oublier que c’est le lieu de résidence du président de Russie, ce qui impose certaines conditions.
Les musées du Kremlin s’élargissent: dans quelques années, vous devez déménager sur la place Rouge, dans les galeries commerciales aménagées spécialement à cet effet. Quels sont vos projets et attentes ?
Les projets ne peuvent pas être pessimistes, ils sont à priori optimistes. Nous espérons avoir ce bâtiment d’ici quelques années. Nous travaillons sur le projet avec le bureau Megan, les concepteurs d’expositions et le personnel du musée. Le bâtiment accueillera tout ce qui n’a pas trait aux décorations d’État et aux ordres qui resteront, eux, dans l’enceinte du Kremlin.
Ainsi, nous prévoyons d’organiser de manière inédite la collection de Fabergé. En outre, il sera possible d’ouvrir aux visiteurs plusieurs locaux aujourd’hui occupés, car tout espace au Kremlin est un monument en soi.
L’exposition des objets japonais accordés par Nasser David Khalili. Crédit : KFT
Que pourront voir les visiteurs des musées du Kremlin cette année ?
Des pièces japonaises, notamment des kimonos et des émaux de l’ère Meiji (de la fin du XIXe au début du XXe siècle) accordés par le professeur et philanthrope britannique Nasser David Khalili. L’exposition sera très intéressante du point de vue scientifique et visuellement attractive.
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