Motorama.
Tatiana SmirnovaMotorama. Crédit : Ira Parshina
Alexandre Alexeïev : Motorama est très populaire en Russie et dans les pays ayant fait partie de l’URSS. Avez-vous réfléchi à ce que les fans français attendent de vous en tant représentants de la culture rock russe moderne ?
Vladislav Parshin : Notre popularité est relative. Nous avons du succès auprès de ceux qui s’intéressent à ce genre de musique. Nous avons déjà joué en France, nous y avons été invités pour la première fois en 2011. À l’heure actuelle, il existe une certaine communauté qui connaît notre musique. Et puis, nous ne faisons rien de spécial pour nous préparer aux concerts… Nous n’avons pas du tout de temps libre, notre emploi du temps est serré et nous sortons sur scène presque tous les soirs. Au mois de février, nous serons en concert à Amiens, Lille et Besançon, puis nous irons en Allemagne pour neuf représentations.
Vladislav Parshin. Crédit : Photo de presse
Connaissez-vous des légendes françaises comme Rockets ou Téléphone ? Je crois que vous avez des points communs… Ou bien est-il préférable pour les jeunes de ne pas avoir d’exemples à suivre pour apporter quelque chose de nouveau et d’être nihilistes dans la création ?
Je ne pense pas que nous soyons nihilistes, ce mot revêtant une nuance péjorative parmi nous. Rockets, je connais, Téléphone non… Pour ce qui est des influences, mes plus grandes impressions dans le monde de la musique remontent à l’enfance. J’ai grandi avec les disques que passaient mes parents – les groupes Kino et Bravo, les chanteurs Mouslim Magomaïev et Édouard Artemiev – et avec les groupes des clubs rock de Moscou et de Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg). Pour ce qui est des étrangers, mon groupe préféré était Kraftwerk.
Vous êtes connus en Russie comme un groupe post-punk… Il me semble pourtant que votre style est plus proche des new romantics et de la new wave des années 1980 : de Kraftwerk à Human League…Nous avons sans doute hérité en quelque sorte de Kraftwerk puisque toute la musique de mon enfance et de ma jeunesse m’a influencé et continue d’ailleurs de m’influencer. En ce qui concerne le son, nous enregistrons toutes nos chansons chez nous sans installations onéreuses ni ingénieurs professionnels. Pour cette raison, nous étudions tous les détails de la prise du son. Si Motorama a un style, c’est plutôt du côté des harmonies, des mélodies et de l’interprétation.
Comme nombre de groupes rock russes vous chantez en anglais, ce qui est déjà une tradition en Russie. Est-ce que comptiez dès le début vous intégrer à l’industrie musicale européenne ?
Initialement, je voulais composer en russe, mais je n’y arrivais pas… Au milieu des années 2000, Rostov-sur-le-Don a accueilli en concert un groupe de Novossibirsk (Sibérie occidentale, ndlr) qui jouait une musique bruyante avec des textes en anglais. J’ai eu l’idée d’essayer de chanter quelque chose dans cette langue. Et depuis 2005, Motorama se développe peu à peu… Toutefois, on n’a jamais pensé être invités à l’étranger et on n’a pas vraiment cherché à y aller.
Vous habitez à Rostov-sur-le-Don, ville qui est située loin de Moscou et de Saint-Pétersbourg, cette « capitale culturelle » du pays…
Nous sommes bien à Rostov-sur-le-Don, nos familles sont à côté. Ce que nous aimerions, c’est habiter loin de la ville, dans la banlieue…
Pouvez-vous aujourd’hui vivre uniquement de votre musique ou, comme nombre de groupes rock de province, vous devez cumuler la carrière musicale et l’activité dans un autre domaine ?
Aujourd’hui je peux me permettre de m’occuper uniquement de musique. Oui, j’ai des loisirs favoris qui rapportent même parfois de l’argent, mais mon gagne-pain c’est la musique.
Vous avez sorti en 2016 un nouvel album, Dialogues. Quel public attendez-vous à vos concerts en France ? Et quelles sont vos attentes personnelles durant cette tournée ?
Là nous ne donnerons que trois concerts en France, alors que l’année dernière c’était une tournée à l’occasion du lancement du nouvel album… Et nous jouerons des titres de différents années. Pour ce qui est des attentes, rien de spécial, nous n’y pensons pas. Mais nous ferons de notre mieux pour ne pas décevoir notre public.
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