Une série de décisions prises par le président russe Vladimir Poutine au début du mois d’août va considérablement changer à la fois l’aspect du Kremlin et son accessibilité aux visiteurs.
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le site, dont la construction a démarré au XIVe siècle, était d’accès très restreint. Mêmes les sous-sols, qui étaient jusqu’ici inaccessibles aux archéologues et historiens, seront ouverts aux visiteurs. Huit ordonnances devraient conduire à une large ouverture au public dès 2017 – soit 100 ans après la révolution bolchévique. Ce sont ces dernier qui, en 1917, ont fermé un Kremlin jusque-là d’accès libre.Un nouveau musée archéologique sera fondé donnant à voir, entre autres, les vestiges du monastère Tchoudov (où Napoléon établit son QG en 1812) et du couvent de l’Ascension, tous deux détruits par le pouvoir soviétique en 1929 pour construire à cet endroit le Corpus 14 (qui abritait le Soviet suprême). Ce dernier – qui n’était pas classé par l’UNESCO – a été rasé en début d’année.
Crédit : TASS/Sergei Savostyanov
Longtemps considérés comme perdus à jamais, les ruines du monastère et du couvent ont été découvertes au printemps dernier sous le Corpus 14. La formulation des ordonnances suggère que les deux sites religieux, parmi les plus importants de l’orthodoxie russe, ne seront pas reconstruits, comme l’envisageait une directive publiée il y a deux ans.
« C’est une décision sage et qui nous rassure », souligne Roustam Rakhmatoulline, expert de l’architecture moscovite à l’association Archnadzor, qui milite pour la préservation des bâtiments anciens. « A cause du manque d’information sur le monastère Tchoudov et sur le couvent de l’Ascension, il était de toute manière impossible de prétendre pouvoir les reconstruire à l’identique ». L’expert est plus réservé sur la création d’un musée archéologique au Kremlin. « Il me semble qu’il s’agira surtout d’aménager les ruines pour les donner à voir au public ».
Crédit : TASS/Anton Novoderezhkin
Vladimir Poutine a en revanche décidé d’ériger à nouveau une grande croix place du Sénat, à l’endroit où le grand-duc Serge Alexandrovitch a été assassiné en 1905. Cette œuvre du célèbre artiste symboliste Viktor Vasnetsov avait été détruite par les bolchéviques, mais il en existe une réplique au monastère de Novospasski, à quelques kilomètres du Kremlin.
Rakhmatoulline souligne que la décision qui aura le plus d’importance pour les visiteurs est celle qui consiste à ouvrir deux points d’entrée supplémentaires. Il s’agit des tours « Spasskaïa » et « Borovtiskaïa ». Aujourd’hui, il n’existe qu’un seul point d’entrée : Koutafia. « Il va être compliqué de créer un système de contrôle et de sécurité pour ces deux tours, sans abîmer leur apparence », s’inquiète M. Rakhmatoulline. « Koutafia a déjà été défigurée. J’espère aussi que l’entrée sera gratuite, cela permettrait au Kremlin de retrouver son statut d’endroit le plus populaire de la capitale ».
Au terme des travaux, seule la pointe nord du Kremlin restera inaccessible au public. Elle comprend le palais du Sénat, le lieu de travail officiel du président russe, et l’Arsenal « dont l’intérieur ne présente aucun intérêt pour les visiteurs », croit savoir l’expert.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a qualifié les changements de processus positif et sans précédent.
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