La série qui raconte l’amitié entre une petite fille russe et un grand ours a rapidement gagné les cœurs dans le monde entier. Le dessin animé est diffusé dans 22 pays et l’un des épisodes, Macha et kacha (Macha et la bouillie), a recueilli plus d’un milliard de vues sur YouTube, se classant en 17ème position des vidéos les plus regardées de l’histoire du site.
Pour les créateurs de la série, sa popularité s’explique simplement : chaque famille ou presque, quelle que soit sa nationalité, a sa propre « Macha », insouciante, espiègle et enjouée.
Qui est Macha ?
« L’idée de la série est née de notre volonté de montrer les relations entre les adultes et les enfants sous une forme comique, plutôt qu’édifiante, pour que tous les spectateurs puissent comprendre les sentiments qui agitent les personnages », raconte le metteur en scène du projet Denis Tcherviatsov.
Ce dernier explique que le personnage animé de Macha est inspiré d’un prototype réel. Dans les années 90, le directeur artistique du projet Oleg Kouzovkine, en vacances à la mer, a vu une petite fille à la plage. Spontanée et très sociable, elle pouvait facilement aborder un inconnu pour jouer aux échecs ou lui prendre ses palmes et partir nager avec. Au bout de plusieurs jours, les vacanciers ont commencé à se cacher de la petite fille, trop active et importune. M. Kouzovkine a retenu cette histoire et c’est ainsi que l’idée de la série est née quelques années plus tard.
Les créateurs puisent les idées de la série dans leur propre vie également, explique M. Tcherviatsov. « Ceux qui travaillent dans l’animation copient le comportement de leurs enfants ou des enfants de leurs amis ; il en va de même pour les scénaristes ».
Succès international
« J’ai le sentiment que les enfants de moins de cinq ans sont à peu près pareils dans tous les pays », plaisante Denis Tcherviatsov. Par ailleurs, la série n’utilise pas de longs dialogues. Les créateurs arguent qu’en mettant l’accent sur l’action plutôt que sur les dialogues, ils se rapprochent du cinéma muet où tout est dans les gestes et les expressions.
Outre l’enthousiasme des spectateurs, le studio Animaccord, créé spécialement pour le projet, jouit d’un grand respect professionnel. En 2015, Macha et Michka a reçu le prix Kidscreen, une sorte d’Oscar canadien, dans la catégorie « meilleure animation ». Kidscreen a également classé le studio parmi les meilleures sociétés de production de l’année, aux côtés de maîtres de l’animation tels que Cartoon Network Studios et Dreamworks Animation Television.
Crédit : press photo
La directrice de la programmation du Grand Festival du dessin animé, Maria Terechtchenko, attribue le succès du projet au fait que les créateurs ont su refléter les tendances les plus actuelles en matière d’éducation des enfants. Auparavant, la clownerie animée classique portait sur la violence montrée à travers le prisme de l’humour. Mais au XXIème siècle, cette forme a été jugée nocive pour le développement psychologique des enfants. Macha et Michka a su trouver une facette de la clownerie qui ne comporte pas de violence. Par ailleurs, les enfants d’aujourd’hui jouissent de plus de liberté et sont exposés à moins de restrictions que ceux du siècle dernier. Ainsi, la petite Macha impétueuse est née au moment où les enfants pouvaient se reconnaître en elle, estime Maria Terechtchenko.
Des produits dérivés
À ce jour, outre la série principale, le monde de Macha et Michka a donné naissance à deux produits dérivés, avec les Contes de Macha, lancés en 2012, et les Histoires d’horreur de Macha en 2014. Dans les Contes, Macha familiarise les spectateurs avec le monde des contes populaires russes ; dans les Histoires d’horreur, elle raconte des aventures d’épouvante qui s’avèrent drôles et instructives.
Les créateurs de la série ne comptent pas s’arrêter là et envisagent de continuer à élargir l’univers du projet. Avec ses partenaires, Animaccord crée un réseau de musées interactifs éducatifs Macha et Michka, publie des revues et lance des jeux informatiques éducatifs. Actuellement, le studio compte une centaine de collaborateurs qui travaillent sur plusieurs épisodes de la série à la fois. Chaque série nécessite près de trois mois de travail.
Selon les estimations de Soсial Blade, la publicité sur YouTube de Macha et Michka apporte près de 1,3 million d’euros par mois à Animaccord. La plupart des bénéfices du projet proviennent des produits sous licence arborant l’image des personnages de la série – produits alimentaires, papeterie, jouets, etc. Animaccord a signé des contrats de fabrication de ces produits avec de grands acteurs du marché tels que Danone, Burger King et le fabricant allemand de jouets Simba Dickie. Selon les estimations du studio, ses recettes pourraient atteindre 263 millions d’euros cette année, soit 13 millions d’euros de bénéfices pour la compagnie.
Le producteur d’Animaccord a une explication simple à son succès : « Macha est créée avec amour et par une excellente équipe de professionnels. Nous travaillons selon le principe que chaque série doit être meilleure que la précédente », résume Dmitri Loveïko.
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