Russia Beyond désormais sur Telegram ! Pour recevoir nos articles directement sur votre appareil mobile, abonnez-vous gratuitement sur https://t.me/russiabeyond_fr
La nouvelle série The Morning Show a connu un franc succès, et ce, grâce à sa qualité. Mais peut-être qu'il n'y a qu'en Russie qu'elle a fait resurgir beaucoup de souvenirs inattendus. Mais où est réellement la Russie et où est l'Amérique ?
Le fait est que le thème de l'amour au travail et du jugement porté à son égard, aussi drôle que cela puisse paraître, est une étape qui nous est familière. Alors qu’en Amérique cela est le sujet le plus chaud, pour nous, c'est un passé lointain, et pas le plus agréable.
Il est ici, bien entendu, question du socialisme. Un homme soviétique, selon la morale du pays, ne pouvait pas avoir de romance au travail s'il était déjà marié. Et si cela arrivait, il était publiquement réprimandé. Oui, parfois sous des formes sauvages, lorsque des réunions entières étaient organisées et que des cas personnels de « coupables » étaient débattus. Cependant, à l'époque de Brejnev, ces expériences ont cessé.
>>> Les 100 films les plus cultes de Russie et d'URSS
Toutefois, nous parlons ici de cinéma. Le héros des films soviétiques ne pouvait pas non plus tromper sa femme et développer des relations intimes durant son service. Le soi-disant « réalisme socialiste », inventé au milieu des années 1930, exigeait de montrer un héros positif sous tous les aspects. Même si avec quelques défauts.
Par exemple, la célèbre série soviétique Dix-sept moments du printemps. Période d'action – début 1945. L'éclaireur soviétique Stierlitz, qui occupe une position assez élevée dans la nomenklatura du Troisième Reich, n'est pas officiellement marié. Enfin, tout du moins en tant que Stierlitz. Mais en tant qu'éclaireur soviétique Issaïev, il l’est, même si sa femme se trouve en Russie, et qu’ils ne se sont pas vus depuis des années. Stierlitz est un homme séduisant, les femmes l’apprécient, il vit seul dans un confortable hôtel particulier, a toutes les chances d'avoir une liaison à Berlin, et même plusieurs, mais il tient bon. Il aime sa femme, et c'est ce que l'on nous annonce d’office dès le premier épisode. Stierlitz accomplit de nombreux exploits en tant qu'éclaireur, mais ne s’accorde pas une seule histoire d'amour hors mariage. C’est interdit.
Dans un autre genre, celui de la comédie : Le Bras de Diamant, chef-d’œuvre du cinéma soviétique. Son protagoniste Semion Gorbounkov est soupçonné de tromperie et une activiste locale, probablement membre du Parti communiste, tente de le dénoncer. Mais il n’y a pas de quoi, puisque Semion est lui aussi fidèle à sa femme.
>>> Cinéma: quand soviétique rimait avec érotique…
Néanmoins, il existe bel et bien un film soviétique où toute l'intrigue est basée sur des sentiments surgissant soudainement entre les employés d'une institution. Il s’agit de l’œuvre au titre évocateur Romance de bureau, l’un des films soviétiques les plus emblématiques. Il a été réalisé en 1977, mais est encore diffusé régulièrement à la télévision russe et a toujours une audience considérable, plus que les programmes d'actualité.
Le film a deux lignes d'amour. L'une, la principale, entre une patronne sévère et un subordonné timide. Et ici, tout est clair en termes de moralité. La dirigeante est célibataire, tandis que le subordonné est divorcé. Mais il y a une deuxième ligne. C'est ce qui est important pour nous. L'employée Ryjova fait face à un élan de sentiments envers le nouveau directeur général Samokhvalov. Autrefois, durant leurs études, ils avaient d’ores et déjà entretenu une relation, mais le destin les avait séparés, et ce n’est que des années plus tard qu’ils se sont retrouvés ici. Ryjova est mariée depuis longtemps, tout comme Samokhvalov. Mais dans un souffle de passion renouvelée, la pauvre Ryjova commence à écrire des lettres d'amour à Samokhvalov. Bien sûr, elle pense naïvement que personne ne remarque ses sentiments, mais elle travaille dans un groupe de femmes, il n'y a aucun moyen de cacher quoi que ce soit et, tacitement, tout le monde la blâme. Quoi qu’elle puisse ressentir en elle, il est toutefois toujours primordial de se contrôler, nous sommes, rappelons-le, en Union soviétique, pas dans l'Amérique débridée. Après tout, c'est ce que lui dit la militante syndicale : assez d'amour, pensez à la famille et au travail.
Non, bien sûr, ce n'est pas une situation dans l'esprit de #metoo, c'est plutôt le contraire : une femme « poursuit » sexuellement un homme. Enfin, dans la limite impliquée par le mot « sexuel » dans le contexte soviétique. Cependant, il y a encore ici un scandale et un jugement public, aussi légers soient-ils.
>>> Avant Tinder: dix endroits où les Soviétiques trouvaient l’amour
C'est ainsi que nous avons abordé The Morning Show. Nos téléspectateurs, en regardant la série, ont ri : « Mon Dieu ! L'Amérique en est arrivée à la moralité soviétique ! ». Et d'une certaine façon, c'est ce qui s'est passé. Le point de départ de l'histoire n’est autre que la tromperie de l’un des héros, marié, couchant avec des employées. Le scandale est tel qu'il est renvoyé avec disgrâce. Qui plus est, même la morale soviétique semble ici finalement assez souple, car dans la série, les employés tentent maintenant de cacher leurs relations, qu'ils soient mariés ou non. Au travail, les sentiments n'ont pas leur place. Tu n'es pas une personne, tu es une fonction. Or, cela ressemble grandement aux utopies soviétiques des années 20. Notre vieux slogan, « En avant vers la victoire du communisme », semble donc avoir été adopté par l'Amérique. Au moins dans la sphère émotionnelle.
Dans cet autre article, nous vous expliquions justement pourquoi les couples russes divorcent si souvent.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.