Oural-Batyr est si célèbre parmi les Bachkirs que leur épopée nationale porte tout simplement son nom. Toute sa vie, ce héros a lutté avec abnégation contre les divеs (démons), les serpents, les dragons, et a défendu l’espèce humaine. Il était également célèbre pour sa bonté et sa perpétuelle capacité à pardonner son frère maléfique Choulguen, passé dans le camp adverse.
L’objectif de vie que s’était fixé Oural-Batyr était de vaincre la Mort elle-même, pour que les hommes puissent vivre éternellement et ne meurent plus. Mais un beau jour, il a fait la rencontre d’un vieillard immortel las de vivre, qui lui a dit : « Ce que nous appelons la mort, ce que nous avons pour habitude de considérer comme le mal, est seulement l'ordre éternel des choses... Il y a seulement une chose dans le monde qui ne meurt pas et reste à jamais jeune... c’est le bien ». Suite à cela, l'âme d'Oural-Batyr s'est apaisée et il a trouvé le bonheur.
Oural-Batyr est mort après s’être sacrifié : pour protéger les hommes il a bu un lac entier où se dissimulaient des dives et des mauvais esprits, or, ces derniers l’ont rongé depuis ses entrailles. Après avoir permis aux hommes de vivre dans la justice et la paix, Oural-Batyr a donc été enterré au sommet d’une haute montagne, baptisée en son honneur, et bientôt, toutes les terres entourant ce mont ont reçu le nom d’Oural.
>>> Les plus effrayants personnages des contes populaires slaves
« Élancée, scintillante, comme un ange, se retournera – comme une flèche volera, une voix comme un chant de rossignol », narre l'épopée des Nartes (connue de nombreux peuples caucasiens : Abkhazes, Adyguéens, Ossètes, Balkars) au sujet de la ravissante Chatana. Cette femme était renommée non seulement pour sa beauté, mais aussi pour son intelligence et sa ruse : ainsi, quand elle a voulu épouser le meilleur héros narte, Ouryzmaga, elle l’a dupé en revêtant une tenue de sa femme, qui de son côté est ensuite morte de jalousie.
Mais ce qui a valu à Chatana le statut d'héroïne et un culte universel est que, selon l’épopée, c’est précisément elle qui aurait mis au point la bière. Elle aurait en effet vu un oiseau s’emparer de malt séchant au Soleil, puis s’enivrer, et aurait de cette manière réalisé qu'il était possible de faire une merveilleuse boisson alcoolisée à partir de houblon et de malt. Iron Man a peut-être sauvé l'univers, mais inventer la bière, c’est quand même bien au-dessus !
>>> Ivan Bilibine, l’artiste qui donna vie aux contes de fées russes
Kullervo, fils de Kalervo, issu de la célèbre épopée finno-carélienne Kalevala, ne correspond pas tout à fait à la définition du héros. Il apparaît en effet plutôt comme un personnage tragique, transformé en méchant par la force des choses ; mais ce sont précisément ces personnages ambigus qui suscitent habituellement la compassion, et non les « bons gars » (souvenez-vous donc du Joker de l'univers DC Comics). À noter que Tolkien, pour créer ses univers fictifs, s’inspirera fortement de cette épopée, et plus précisément de cet individu.
De force, Kullervo n’en manquait pas, tandis que dans le feu il ne brûlait pas, et dans l’eau ne se noyait pas. Il était beau et avenant, mais ne savait rien faire et, avec lui, tout tournait toujours mal. Qu’il garde un enfant, il lui arrachera accidentellement les bras. Qu’il aille couper du bois, par son souffle la forêt toute entière sera rasée.
C’est en tant qu’esclave chez l'ennemi de sa famille qu’il a grandi, et l’on s'est moqué de lui dès son enfance. Plus tard, il a néanmoins découvert que ses proches étaient encore en vie et les a donc rejoints, avant d’apprendre de ses parents que sa sœur avait disparu. Par la suite, il croisera le chemin d’une jeune fille, qu’il séduira, ne comprenant qu’ultérieurement qu’il s’agissait de sa sœur. Celle-ci, ne supportant pas la honte, mettra alors fin à ses jours.
Désespéré, Kullervo s’est ensuite lancé corps et âme dans la poursuite sanguinaire des adversaires de sa famille, afin de se venger pour sa vie misérable, ce qui ne lui apportera pas non plus la paix intérieure. Alors qu’il guerroyait, ses parents sont morts de vieillesse et, resté seul, Kullervo, que le Kalevala surnomme « le héros maudit », s'est finalement jeté sur son
>>>Kalmouks: la renaissance d'une ethnie et de ses traditions bouddhistes
Héros de la Djangariade, épopée du peuple kalmouke à propos du légendaire pays de Boumba, dont de braves guerriers protégeaient le peuple face à de maléfiques démons, Khongor, surnommé le Lion Écarlate, est la plus glorieuse des figures locales. Selon les conteurs, il combinait en effet « les quatre-vingt-dix-neuf qualités humaines ». Aucune flèche ne pouvait l'abattre, et il brisait comme des roseaux les guerriers ennemis les plus forts.
Khongor savait aussi se détendre. Dans la Djangariade est par exemple décrit comment, lors d’une fête, son verre a été rempli soixante-dix fois de suite, et que juste après cela, « avec la légèreté d’une étincelle », il s'est remis en selle et a cavalé vers de nouvelles aventures et de nouveaux exploits pour glorifier son sage khan (chef des peuples turco-mongols) Djangar, son frère. Même lorsqu'il a été capturé par les esprits des ténèbres et enfermé dans le monde souterrain, où il a été fouetté douze mille fois par jour, Khongor s’est libéré et a anéanti tous ses adversaires.
À noter que contrairement à beaucoup d'autres épopées, cette œuvre kalmouke est très positive : à la fin, Khongor et Djangar demeurent en vie pour l’éternité.
Dans cet autre article, nous vous présentons les personnages russes figurant dans les univers Marvel et DC Comics.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.