Piotr Griniov - La Fille du capitaine, Alexandre Pouchkine
L’officier Zourine a besoin d’argent, et décide donc d’en gagner en se mesurant au jeune Piotr Griniov, qui vient tout juste d’entamer son service militaire, dans une partie de billard. Piotr ne sait cependant pas jouer et décline son invitation. Zourine lui promet alors de lui apprendre, affirmant que tout officier doit être en mesure de jouer au billard et de boire. « Zourine fit apporter du punch puis il me conseilla d’en goûter, répétant toujours qu’il fallait m’habituer au service. "Car, ajouta-t-il, quel service est-ce qu’un service sans punch ?" ».
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Un conseil qu’il n’aurait visiblement pas dû suivre. « Plus je goûtais de mon verre, plus je devenais hardi. Je faisais voler les billes par-dessus les bandes, je me fâchais, je disais des impertinences au marqueur qui comptait les points, Dieu sait comment ; j’élevais l’enjeu, enfin je me conduisais comme un petit garçon qui vient de prendre la clef des champs. De cette façon, le temps passa très vite. Enfin Zourine jeta un regard sur l’horloge, posa sa queue et me déclara que j’avais perdu cent roubles ».
Les propriétaires terriens - Les Âmes mortes, Nicolas Gogol
Dans cette œuvre de Gogol, les propriétaires terriens de Russie, s’ennuyant fortement, laissent entrevoir un penchant pour la bouteille, et notamment lorsque des convives leurs rendent visite. Lorsque Tchitchikov, qui pour une escroquerie rachète le cadavre de serfs encore officiellement enregistrés comme vivants, arrive chez l’un de ces individus, voici la scène se présentant à lui :
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« Nozdriov ne ménagea pas les vins. On n’avait pas encore servi le potage qu’il versait déjà à ses invités un grand verre de porto et un autre de haut-sauternes, le simple vin de Sauternes étant inconnu dans nos provinces. Il fit apporter une bouteille de madère "comme jamais maréchal n’en avait bu". Le madère emportait le palais ; connaissant le goût de nos gentillâtres, les marchands ont soin de corser ce vin avec du rhum et parfois même de l’eau-de-vie, persuadés que les estomacs russes supportent tout. Il demanda ensuite une bouteille d’un vin spécial qu’il baptisa bourguignon-champagnon, ce breuvage ayant, à l’en croire, le bouquet des deux vins ».
Ilia Oblomov - Oblomov, Ivan Gontcharov
Le héros de cette œuvre passe la majeure partie de son temps dans une position horizontale, et, pour faire de plus beaux rêves, nourrit un certain goût pour la boisson. Son serviteur raconte d’ailleurs au cocher et aux laquais la chose suivante : « Le croiriez-vous ? Il a bu à lui seul une bouteille et demie de madère, deux pintes de kvas, et il s’est couché là-dessus ».
Les convives du bal de Satan - Le Maître et Marguerite, Mikhaïl Boulgakov
En guise d’apéritif lors de ce rassemblement diabolique, ont été préparés pour les convives-zombis des flots de champagne, dans lesquels ces dames n’hésitent pas à plonger, pour en ressortir complètement ivres.
« Déjà, entre ces murs, jaillissaient en moussant des fontaines de champagne, et le vin retombait en pétillant dans trois vasques transparentes, dont la première était d’un violet transparent, la seconde rubis, et la troisième cristalline ».
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Par la suite, grâce à un sortilège du chat Béhémot, le champagne de l’un des bassins laisse place à du cognac, dans lequel piquent également une tête les plus courageux (y compris le matou lui-même).
Épuisés par ce bal, Béhémot, Marguerite et Woland (le diable) ne trouvent ensuite rien de mieux à faire que de boire de l’éthanol. Ce passage du roman de Boulgakov peut se résumer en une citation :
« "C’est de la vodka ?" demanda faiblement Marguerite. Sur sa chaise, le chat sauta d’indignation. "Y pensez-vous, reine ? grinça-t-il. Est-ce que je me permettrais de verser de la vodka à une dame ? C’est de l’alcool pur !" »
Les résidents de l’asile de nuit - Les Bas-fonds, Maxime Gorki
Une bouteille de vodka, trois de bières et une grosse tranche de pain noir apparaissent devant Satine, le Baron et Nastia au début du quatrième acte. Les héros ne cessent ensuite de boire jusqu’à la fin de la pièce. « Verse-lui un verre, Satine !… Hé, mes frères ! L’homme a-t-il réellement besoin de beaucoup ? Regardez-moi, j’ai bu, et je suis heureux ! »
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Dmitri - Les Frères Karamazov, Fiodor Dostoïevski
Le chapitre, au cours duquel Dmitri, aîné des frères Karamarov, boit beaucoup et s’amuse en présence de jeunes filles, est symboliquement intitulé Délire. Il semble que lors de cette « orgie, fête à tout casser », toutes les boissons sont disponibles :
« Mitia [diminutif de Dmitri] saluait et embrassait les connaissances, versait à boire à tout venant. Seules les filles appréciaient le champagne, les gars préféraient le rhum et le cognac, surtout le punch ».
Toute la nuit a en outre chauffé le samovar rempli de punch et toute personne le désirant pouvait se servir. Malheureusement, cette beuverie n’a abouti à rien de bon, puisqu’après cette soirée, Dmitri a été accusé du meurtre de son père.
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Humbert Humbert - Lolita,Vladimir Nabokov
« Le jour parvenait à maturité et approchait du soir. Je vidai un verre entier d’alcool. Et un autre. Ma boisson préférée, le ginanas, un mélange de gin et de jus d’ananas, double toujours mon énergie ».
Après cela, Humbert va récupérer Lolita au camp de vacances, où il aperçoit partout des « nymphettes ».
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