La méchante la plus célèbre de la mythologie slave est la cannibale Baba Yaga. Encore aujourd’hui les parents terrifient leurs enfants désobéissants en leur parlant de cette vieille femme, qui n’hésitera pas à les emporter dans son izba, les placera dans son four, les cuira puis les dévorera à pleines dents.
À l’origine, Baba Yaga est l’intermédiaire entre le monde des morts et celui des vivants, et est donc associée à l’héritage des aïeux. Ce rôle est notamment matérialisé par son immanquable attribut : une izba perchée sur des pattes de poule.
D’où cela provient-il ? En fait, quand les Slaves enterraient leurs proches, ils bâtissaient une petite maison sur de hautes souches, qui rappelaient en effet des pattes de poule. Baba Yaga réside donc dans le foyer des morts. En tant que gardienne de l’expérience des ancêtres, elle effectue des rites de sacre pour les garçons partant à la guerre, qui consistent en de lourds châtiments corporels et épreuves physiques. C’est d’ailleurs pourquoi Baba Yaga est particulièrement crainte des petits garçons, et de leurs mères. Néanmoins, juste après ce rituel, le garçon devient un homme.
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Par ailleurs, dans tous les contes russes, les jeunes hommes rencontrent Baba Yaga alors qu’ils sont à la recherche de leur fiancée disparue, et s’ils échappent à la mort et qu’ils passent toutes les épreuves de la sorcière, elle leur donne de sages conseils pour retrouver leur bien-aimée.
Baba Yaga n’est devenue cannibale qu’avec l’influence grandissante de la foi chrétienne, qui s’est efforcée de supprimer des consciences slaves cette image positive. Cependant, même sans cela ce personnage reste tout de même suffisamment effrayant.
Il n’est pas rare que les mamans disent à leurs enfants maigrelets qui ne finissent par leurs assiettes : « Non mais regarde-toi ! Le portrait craché de Kochtcheï ! ». Le nom de ce méchant personnage ayant la peau sur les os est probablement issu du mot « kost’ », signifiant justement « os ».
Kochtcheï l’Immortel se trouve lui aussi à la frontière entre le monde des vivants et celui des morts, et c’est d’ailleurs de là qu’il puise sa puissance magique quasi infinie et son immortalité. Le plus souvent dans les contes slaves il est dépeint comme un terrible tsar-sorcier immensément riche, et kidnappant de jolies jeunes femmes pour les épouser.
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Dans l’un des contes à son propos, il transforme un royaume tout entier en pierre, et dans un autre, il punit la tsarine Vassilissa en la changeant en grenouille. Par ailleurs, il est très difficile à vaincre : sa mort se trouve sur la pointe d’une aiguille, l’aiguille se situe quant à elle dans un œuf, l’œuf dans une cane, la cane dans un lièvre, le lièvre dans un coffre bardé de chaînes et placé à la cime d’un chêne. D’après les contes les plus anciens, Kochtcheï est également aveugle, et pour voir ses ennemis, il demande à ses serviteurs de soulever ses paupières.
L’image de Kochtcheï est associée par les anciens Slaves au rite du sacre nuptial. Ainsi, dans les contes, la jeune femme ne peut se marier qu’après avoir été enlevée par Kochtcheï l’Immortel et libérée par son fiancé, qui aura au préalable vaincu ce cruel personnage.
On pensait autrefois que l’âme des femmes ayant tué leur propre enfant ou des fiancées ayant trouvé la mort avant leur mariage se transformait en Boginka. Les Boginka étaient représentées par les Slaves sous la forme de vieilles femmes nues, laides et boiteuses, marchant dans les bois, les champs et les ravins durant les jours pluvieux et à minuit.
Ce sont les enfants qui avaient le plus à les craindre : en fonction de leur humeur, elles pouvaient les empêcher de dormir, leur donner une maladie, les effrayer ou encore enlever des nourrissons. Certaines d’entre elles pouvaient également terroriser le bétail, dérober et emmêler les fils, ou encore frapper au hasard des passants jusqu’à ce qu’ils soient couverts de bleus.
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La roussalka slave, qui se rapproche de la sirène, est loin d’être la sympathique et polissonne femme-poisson telle qu’on la connait en Occident, avec le conte d’Andersen par exemple. Dans la mythologie de l’Est, les roussalki sont des noyées ou des suicidées, ou parfois de jeunes femmes qui sont mortes sans s’être mariées.
La nuit, elles se cachent dans les buissons sur les berges des rivières ou des lacs et attendent que quelqu’un passe. Si une personne a le malheur de s’approcher trop près de l’eau, elles les tirent vers le fond et les chatouillent jusqu’à ce que mort s’en suive.
Là où vivent les roussalki, vous trouverez immanquablement leurs maîtres : les vodianoï, esprits des lacs, des rivières et des marécages. On pense que les vodianoï sont capables de s’élever dans le ciel et de créer de nouveaux plans d’eau, et bien évidemment de prendre un malin plaisir à y noyer les gens, et notamment les jeunes filles qui vont se baigner dans les rivières après le coucher du soleil. Néanmoins, ils gardent les plus belles d’entre elles pour les épouser.
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Il existe différentes sortes de Kikimora : celles des forêts, des marécages, des champs. Mais le plus souvent elles aiment élire domicile dans des maisons déjà occupées et d’y causer de nombreux méfaits. C’est un esprit malveillant de petite taille, qui reste la plupart du temps invisible. Si Kikimora s’installe dans une maison, elle commence alors à provoquer des cauchemars à ses hôtes, casse des meubles, brise la vaisselle et tourmente les animaux. Mais l’activité favorite de Kikimora consiste à filer de la laine. Mais elle le fait horriblement mal, alors le fil se rompt et la laine s’emmêle.
Si parfois Kikimora apparaît aux yeux des gens, un malheur attend forcément ces derniers : soit un immense désastre aura lieu dans la maison, soit un membre de la famille trouvera bientôt la mort. Selon les plus anciennes croyances, Kikimora est l’esprit des enfants décédés d’une mort non-naturelle. Ses esprits peuvent également être possédés par des sorcières. Celles-ci lient leurs âmes à des poupées rituelles qu’elles lancent dans la maison de parfaits innocents. Pour se protéger de Kikimora, il est conseillé de suspendre des branches de genévrier et d’armoise.
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